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rale et le pouvoir physique. Il avait et le droit d’employer la force et la force prête à être employée. Or, dans ces temps où le nom du Mogol était tout et la réputation des colons comparativement rien, ce double pouvoir était un levier en réalité très-puissant et en apparence irrésistible[1]. »

« Non, disait Dupleix, ce n’est pas lorsqu’on a dans les mains de tels éléments de force et de succès, qu’on les jette sous ses pieds. Si j’abandonnais le Dékan, je serais un fou ou un traître. C’est à la fois mon plus redoutable moyen de défense, mon plus solide instrument de domination. Mon devoir est de m’y cramponner. » Dupleix avait raison contre tout le monde.

Sans se dissimuler les dangers, il était convaincu qu’encore une fois il sauverait tout. Il avait assez réfléchi ! Le problème se posait nettement : il fallait 1° que la vice-royauté de Salabet-Singue ne reçût aucun ébranlement de la révolution annoncée à Delhy ; 2° que le changement d’empereur n’amenât point une diminution de l’influence française à la cour du soubab ; 3° qu’on conclût une alliance avec Balladgi-Rao ; 4° que, dans le Carnate, on réussît à arrêter les progrès de Méhémet-Ali-Kan et de ses auxiliaires.

Dupleix traça alors un plan d’action, qui était un chef-d’œuvre d’énergie et de raison politique. En même temps qu’il ferait tous ses efforts pour désunir la coalition qui l’avait fait échouer devant Trichinapaly, — et il était permis d’espérer que cette œuvre ne serait point trop difficile, étant donné la divergence de vues

  1. Mallesson, les Français dans l’Inde.