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c’est la discorde, qui va éclater dans le camp ennemi. Je connais les Hindous, et je suis sûr que le dissolvant le plus certain de leurs coalitions, c’est la victoire ! Voilà mon plus redoutable moyen de défense. Maintenant qu’ils ont le succès, chez les alliés, toutes les rivalités, toutes les convoitises vont s’étaler au grand jour. Le Maïssour a des appétits énormes ; il va vouloir les assouvir. Le Mahratte, jaloux par nature, se cabrera à la pensée qu’il édifie de ses mains un royaume pour autrui. Donc, des chocs furieux chez ces amis d’hier et en face de moi, qui les guette pour enflammer ces haines et profiter de ces divisions.

« Mon devoir, c’est de combattre, au moins jusqu’à l’entier rétablissement de nos affaires ; alors nous verrons. Jusque-là, je ne veux pas abandonner même une parcelle de mes prétentions. La paix, je l’accepterais, si elle n’était pas la servitude. J’ai démasqué les Anglais, le jour où j’ai insisté pour que nos prisonniers nous fussent rendus, comme ceux des Anglais l’ont été. Ma démarche, on ne pouvait s’y tromper, c’était un préliminaire. Il m’a été refusé. C’est là un fait qui découvre le joug que la Grande-Bretagne veut nous imposer. Il faut se roidir pour ne point avilir notre pays, qui a acquis tant de gloire dans cette partie de l’Asie. »

On lui conseillait de restreindre le théâtre de la guerre, de rappeler Bussy et ses troupes. Si l’on combattait à la fois dans le Dékan et dans le Carnate, lui disait-on, on serait faible sur les deux points. Tandis que si l’on se concentrait fortement dans cette dernière contrée, il serait impossible à l’ennemi de nous entamer. Le seul parti à prendre, c’était d’abandonner le Dékan et de faire reve-