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humiliation ; elle nous avait vus paraître en suppliants devant Méhémet-Ali-Kan et Saunders. Elle avait pu se repaître du spectacle de notre colère et de notre douleur, au cruel exposé des prétentions de l’ennemi. Nous-mêmes nous avions fourni la démonstration de notre impuissance.

Un moment Dupleix avait pensé à contracter quelque trêve, quelque « paix plâtrée « qui permettrait de réorganiser une armée ; mais la réflexion l’avait détourné de ce projet. N’était-ce pas toujours s’humilier aux yeux de l’Inde, perdre le prestige et, cet « air de demi-dieu » auquel nous devions nos victoires ?

« Tout peut être sauvé au contraire, s’écriait Dupleix, si on continue la lutte. Nos ressources ne sont pas épuisées. Pour le moment, nous manquons de troupes ; mais nous sommes à la veille de l’arrivée des vaisseaux qui tous les ans, à pareille époque, nous amènent des renforts et des secours. Quelques jours encore, et j’aurai reconstitué une armée. Je n’ai pas été battu parce que mes plans sont mauvais ; ma politique n’est ni chimérique ni téméraire. Mon prestige est compromis, non détruit. Je puis le reprendre, si j’ai un général et quelques succès.

« La seule alternative redoutable, c’est une marche de Méhémet-Ali sur Pondichéry ; mais les Anglais n’oseront pas violer le territoire de la Compagnie, alors que la France et la Grande-Bretagne sont en paix, et seul le nabab ne tentera jamais l’attaque d’une place dont les canons ont repoussé Boscawen.

« Et puis il y a d’autres obstacles plus sérieux encore pour arrêter Méhémet-Ali. Le premier, le plus fort,