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arrivaient de Delhy signalaient comme imminente l’explosion d’une révolution de palais, qui pouvait être pour la politique de Dupleix une source d’embarras et une cause d’affaiblissement. Enfin, dans le Dékan même, l’influence française n’était pas à labri du danger. À la vérité, on ne se battait plus dans cette province, mais la guerre semblait devoir s’y rallumer promptement. Il y avait bien un armistice conclu avec Balladgi-Rao, mais il n’engageait en rien ce dernier, qui, à la nouvelle du désastre de Trichinapaly, serait tenté de venger ses défaites et de reconquérir son antique renommée. Il trouverait l’appui de Gasendi-Kan, le frère de Naser-Singue, qui, de Delhy, entretenait des intelligences avec tous les mécontents du Dékan et avait déjà réuni une armée considérable. Comment résister à deux invasions, qui viendraient l’une du nord, l’autre de l’ouest, et qui seraient simultanées ? Le seul remède à une telle détresse paraissait être la prompte conclusion de la paix ; c’était l’opinion de tout le monde.

Il y avait en effet comme une panique dans la colonie ; elle avait gagné jusqu’aux plus énergiques. On disait partout que ce serait folie de penser à continuer la guerre, après un désastre comme celui de Trichinapaly. On n’avait pas seulement vingt hommes à mettre en campagne ! Et puis quelles alliances espérer ? Pas un nabab ne nous prêterait son appui. La cause du brusque développement de notre puissance, il fallait la chercher dans le désarroi que les premières victoires de d’Autheuil et de Bussy avaient jeté dans les cours indiennes ; un moment celles-ci nous avaient cru invincibles ; elles allaient reconnaître leur erreur à la vue