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dispute. » Cette attitude de Lawrence était le résultat d’un calcul perfide. L’Anglais voulait la mort de Chanda-Saïb qui le gênait, mais il lui répugnait de se charger de l’exécution. Il savait qu’en ne réclamant pas Chanda-Saïb, celui-ci périssait, mais qu’en agissant ainsi, il n’assumait pas l’odieux du meurtre. Manokdgi, de retour au camp, ordonna de faire sauter la tête du nabab.

La situation où Dupleix se débattait était terrible. Il n’avait plus un soldat. Méhémet-Ali était au pinacle ; les Anglais, en possession du prestige et de l’influence vers lesquels avaient tendu tous les travaux et les désirs du gouverneur, pouvaient l’écraser en quelques jours. Et pourtant il ne désespère pas. Il arrive, à ce moment de sa vie, à l’apogée de la grandeur morale. Seul, n’ayant pour aide que sa femme, il recommence la lutte, et par la puissance de son génie tient tête à tant d’adversaires, triomphe, et ne cède que lorsque la patrie elle-même vient le frapper au cœur.