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celui-ci[1], « il se plaît à mêler la pompe asiatique à l’élégance française. Il porte des habits de brocart couverts de broderies, un chapeau galonné, et par une coquetterie de goutteux, des souliers de velours noirs richement brodés. Quand il se laisse voir en public, c’est au fond d’une immense tente haute de trente pieds, assez vaste pour contenir six cents hommes. Il est alors assis sur un fauteuil orné des armes du roi de France et placé sur une estrade élevée, couverte elle-même d’un tapis brodé en velours cramoisi ; à droite et à gauche, mais sur des chaises, on voit une douzaine de ses principaux officiers.

« À l’entrée de la tente se tient la garde européenne et la garde hindoue. La table était toujours servie en vaisselle plate, à trois ou quatre services. Il montait pendant les marches ou les revues un magnifique éléphant, tandis qu’une troupe de poètes et de musiciens le précédait, chantant ses louanges et les récents exploits des Français, ou bien de vieilles ballades guerrières. » Son pouvoir était aussi absolu que celui de Salabet-Singue et indépendant en somme, car il était fondé sur cette triple base : la crainte, l’amour des peuples, la nécessité de ses services. De nouveaux exploits allaient le revêtir d’un éclat plus vif encore.

La paix trop facile qu’il avait conclue avec Salabet-Singue n’avait fait qu’irriter les convoitises de Balladgi-Rao ; il croyait que les maîtres du Dékan avaient peur de ses cavaliers ; il n’avait pas senti le poids de nos armes. Plein d’illusion, il lui semblait que c’était un jeu

  1. Seir Mutakherin.