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madame Dupleix, la bégum Jeanne, comme disaient les indigènes, un paravana qui lui octroyait à tout jamais pour elle et ses descendants la souveraineté de l’aidée de Cadapa ; c’était un petit royaume.

Quoique régnant sans partage sur l’esprit du soubab, Bussy croyait qu’il était de la plus élémentaire prudence de s’emparer de garanties matérielles, étant donné la versatilité de l’Asiatique ; ses instructions le lui recommandaient. Quelques revers pouvaient nous enlever rapidement la renommée et l’éclat qui nous entouraient. Notre pouvoir serait alors bien compromis si nous n’avions pas au moment décisif un appui matériel pour l’étayer. Bussy voulait donc, mais sans effrayer personne, occuper la citadelle d’Aurungabab, qui commandait la ville. La position du général était délicate : il fallait être le maître du soubab et ne paraître que son allié ; il était nécessaire d’occuper la forteresse et de ne pas avoir l’air de tenir la cité sous ses canons.

Bussy se tira en diplomate avisé de toutes ces difficultés ; il colora de prétextes spécieux ce qu’il y avait d’alarmant dans sa conduite, redoubla de caresses vis-à-vis du soubab, enfin manœuvra si bien que lorsqu’il s’installa avec ses troupes dans la citadelle, cette action parut naturelle à tout le monde. Il la mit aussitôt en état de défense et l’arma de ses canons. Dupleix approuvait entièrement les actes de son ami. Il l’encourageait et le soutenait par des instructions nouvelles et précises que Bussy exécutait merveilleusement. « Il établit la plus sévère discipline ; aucun soldat ne pouvait sortir de la forteresse qu’à un jour et à une heure fixes, et jamais sans une permission écrite du commandant. Le