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à terre. On lui coupe la tête, on l’arbore au-dessus de l’éléphant de Mousafer-Singue. Dès lors tout s’enfuit. La victoire était complète, et le vice-roi donnait l’ordre aux trompettes de sonner, quand une flèche décochée par un de ses serviteurs l’atteignit. Il tomba pour ne plus se relever. On l’abandonna aussitôt. Seuls les Français restèrent près du cadavre et le rapportèrent au camp.

Bussy eut un moment d’angoisse, à la pensée des conséquences que la mort de Mousafer-Singue pouvait entraîner. Le péril était plus grand qu’au temps où Naser-Singue sillonnait le Carnate avec ses hordes. Les projets de Dupleix étaient encore une fois menacés, renversés peut-être, le salut de l’armée compromis. Au lieu du triomphe à Golconde, la perspective d’une guerre. À la place d’un roi protégé et ami de Dupleix. quatre prétendants en bas âge, destinés à servir de jouets aux ambitieux. Lequel des enfants de Naser-Singue ou du fils de Mousafer-Singue devait rallier le plus de partisans ? Qui pouvait le savoir ? Il n’y avait aucune règle, aucune tradition pour servir de guide, rien que le caprice d’une féodalité heureuse des troubles qui apportaient un aliment à ses appétits.

Les grands seigneurs divisés, le Dékan et le Carnate ravagés de nouveau, les Anglais rentrant dans la lutte, tous les avantages acquis par la Compagnie au prix de si grands sacrifices perdus en un moment, la petite armée française entourée par trois cent mille Hindous, ennemis peut-être, obligée d’accomplir, pour regagner Pondichéry, une marche d’un mois à travers des pays hostiles, le soldat effrayé de l’éloignement, l’officier