Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/172

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nets et clairs, comme il a les vertus du héros, l’abnégation de soi-même, le patriotisme, l’esprit de discipline, le sentiment profond du devoir, la vigueur d’intelligence, il les exécutera merveilleusement.

Mousafer-Singue et Bussy sortirent de Pondichéry le 15 janvier 1751 pour se rendre à Golconde. Il emmenait dans ce voyage de deux mois son fils et les enfants de Naser-Singue, qui, des marches du trône, étaient tombés dans une prison dorée. Tout se passa sans encombre pendant les quinze premiers jours. On conçut alors des craintes sur la fidélité des nababs de Canoul, de Cadapa et de Savanor ; l’insolence de leurs prétentions allait croissant. Selon eux, Mousafer-Singue était leur œuvre ; il leur devait la couronne et la vie. Et on leur marchanderait quelques grâces ! Au fond, ils voulaient faire la loi au soubab, et comme on leur résistait, ils accentuaient leur attitude de mécontentement amer et de protestations sourdes. Ils avaient des conciliabules fréquents et se tenaient obstinément, au milieu de leurs troupes, en arrière de l’armée. Kerjean alla les trouver, et naturellement n’en put rien tirer qu’une « antienne de négations » sur les projets qu’on leur prêtait.

Leurs protestations, leurs serments de fidélité à Dupleix et à Mousafer-Singue ne trompèrent pas Kerjean, qui revint inquiet. On traversa pourtant sans encombre les monts et les gorges qui séparent le Carnate du pays de Cadapa. Les nababs rejoignirent l’armée avant d’arriver à Rachioty, forteresse construite au milieu de défilés sauvages, dans le pays des patanes, cette race, née de pères arabes et de femmes indiennes, qui a gardé