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la sollicitude qu’il ressentait pour ses troupes ; il lui disait : « Je ne vous donne l’appui de tels hommes que parce que vous m’avez assuré que les Français seraient dans vos États plus considérés que vos sujets. Votre reconnaissance pour eux ne doit pas avoir de bornes. Souvenez-vous qu’ils ont tout sacrifié pour votre fortune, et ne perdez jamais de vue leurs services et vos serments. »

Il lui donnait enfin un ministre qui était comme un conseiller et un surveillant. C’était le brame Ragnoldas. Lui-même l’avait dressé et rompu à toutes ses vues. C’était un de ces diplomates comme l’Orient seul en possède, d’une finesse et d’une habileté à toute épreuve, très-précieux contre des musulmans, dont ils ne partageait ni les idées ni les ambitions.

Bussy était bien le général désigné pour une telle expédition ; il se détachait déjà parmi les officiers de l’armée coloniale comme un aigle au milieu d’éperviers. Il était alors dans toute la maturité de son esprit. Ses services étaient déjà brillants. Né en 1718, au petit village de Bucy, près de Soissons, n’ayant pour toute fortune que sa généalogie[1] et son titre de marquis, arrivé à vingt ans aux Indes, il avait montré du sang-froid et de la vigueur au siège de Pondichéry ; son impétuosité avait assuré le gain de la bataille d’Ambour ; enfin c’était lui qui avait pris Gingi. C’était un personnage fait pour ne pas rester en chemin. Dupleix l’avait distingué parmi la foule et l’aimait comme son fils.

Au feu, il est magnifique. Brillant, fougueux, calme,

  1. Il se nommait Charles-Joseph Patissier, marquis de Bussy-Castelnau.