et de sauver ses intérêts à lui, puisque Mousafer-Singue donnerait aussitôt ce gouvernement à Chanda-Saïb. C’était le dernier mot du gouverneur.
Au fond, il attendait tranquille et plein de confiance ; il savait qu’au retour de la belle saison, avec quelques coups de canon, il viendrait à bout de l’ennemi, qui cherchait maintenant à lui échapper par les détours d’une diplomatie captieuse, ou que l’ennemi aurait cédé avant cette date-là. Le messager des nababs de Canoul et de Cadapa arriva à ce moment décisif. Les nababs exposaient dans leur lettre et par l’organe de leur envoyé leurs griefs contre Naser-Singue, leurs désirs de vengeance, le mal qu’ils pouvaient faire à leur maître, ils rappelaient qu’ils commandaient à plus de vingt mille soldats, les meilleurs de l’armée hindoue ; ils déclaraient qu’eux et leurs troupes, décidés à une défection éclatante, étaient prêts à tomber sur le soubab, dès que nous l’attaquerions, à le saisir, à l’arrêter même s’il le fallait, au premier signe de Dupleix. Ils ne revendiquaient aucun gage, aucun salaire ; ils ne formulaient qu’une demande, qu’on ne touchât ni aux trésors, ni au harem de Naser-Singue. Ils ne réclamaient qu’un pavillon aux couleurs françaises pour l’arborer et se faire ainsi reconnaître de d’Autheuil au moment où, dans la confusion du combat, ils tourneraient leurs armes contre le prince, dont ils avaient juré la perte.
Les renseignements des espions de Dupleix, les prières de Mousafer-Singue, qui était au courant de la conjuration, le ton de la lettre, les paroles du messager, tout concourait à démontrer qu’aucune arrière--