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de l’enceinte. La plus grosse partie des Hindous put traverser les ponts et fermer les portes, et un feu terrible s’abattit sur les soldats français à découvert et au pied des murs.

La position n’était plus tenable ; il fallait redescendre en vaincu les pentes si audacieusement gravies, ou pénétrer immédiatement dans la ville. Bussy s’arrêta à ce dernier parti. On réussit à appliquer un pétard le long d’une porte et à la faire sauter. La petite armée de Bussy s’engouffra aussitôt sous la voûte, et un combat acharné commença dans les rues de la ville. Malgré la fusillade, qui partait des fenêtres, les attaques réitérées de l’ennemi et les feux croisés des citadelles, qui dominaient la ville, Bussy, le soir, était maître de la cité ; mais les forts tenaient toujours, et leur tir devenait de plus en plus vigoureux. On s’abritait tant bien que mal ; on ripostait avec les pièces de campagne et quelques mortiers ; mais il était clair que l’artillerie française ne parviendrait jamais, à cause de sa faiblesse numérique, à réduire au silence les batteries ennemies. Que nous réservait l’apparition du jour, si les forts restaient au pouvoir des Hindous ? Il y aurait une recrudescence du bombardement, un retour offensif de l’ennemi. On perdait déjà beaucoup de monde. Que serait-ce lorsque les canonniers de Méhémet-Ali ne tireraient plus au hasard et concentreraient le feu de leurs pièces sur la poignée de Français qui occupait la ville ?

Bussy, tout de suite, vit qu’il fallait aller de l’avant et marcher sans perdre une minute sur les citadelles ; il forma trois détachements, et leur désignant les forts à enlever, il les lança à l’attaque ; lui-même prit le