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alors que de nouveaux chefs tenaient à peine le soldat encore ébranlé ; il estimait que le succès d’un coup de main audacieux pouvait aussi bien épouvanter l’ennemi que le gain d’une bataille. Il rompit les négociations, et le 27 avril donna l’ordre à d’Autheuil de distraire de son armée un petit corps de trois cents hommes, et d’en confier le commandement à de La Touche. Il régla lui-même tous les détails de l’opération. La Touche devait partir de nuit et, dérobant sa marche, surprendre les Hindous endormis, mettre le camp à feu et à sang, et se retirer à l’aube, alors que la terreur serait au comble chez l’ennemi. La Touche s’acquitta très-bien de sa mission. Il lança ses troupes à travers les tentes de l’armée indienne, tuant avec la baïonnette tout ce qui dormait, écrasant de sa mousqueterie tout ce qui fuyait, tout ce qui tentait de se rallier. Les lueurs naissantes du jour lui montrèrent toute l’étendue de la victoire.

L’immense armée de Naser-Singue s’éparpillait dans toutes les directions. Le soubab, réveillé au début de l’alerte, avait à la vue des éclairs de la fusillade, dont les détonations se percevaient plus distinctes, abandonné son éléphant de combat pour sauter sur un cheval et s’élancer à toute vitesse sur la route d’Arcate, sans même penser à réclamer le secours des Anglais, dont les quartiers étaient à l’opposé de l’attaque. Il gagna la ville d’une traite, croyant à tout moment sentir la main des Français sur son dos. Cependant de La Touche, conformément à ses instructions, se repliait sur l’armée de d’Autheuil, pendant que les Anglais mécontents regagnaient le fort Saint-David.