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par plus de vingt mille cavaliers. Lui et les officiers restés fidèles se multiplièrent, enlevèrent les soldats. On forma le carré, et tout en continuant à marcher, on repoussa les attaques par un feu extrêmement vif. Un chef mahratte, Morari-Rao, entra dans un carré et n’en sortit que par miracle. Les charges répétées de Chanda-Saïb permirent à nos colonnes exténuées de reprendre haleine. On arriva enfin, après dix heures de luttes incessantes, sous le canon des redoutes qui environnaient Pondichéry. On se comptait ; les pertes étaient relativement faibles. On respirait, quand on apprit une nouvelle désastreuse : pendant la retraite, Mousafer-Singue, soit qu’il nous crût perdus, soit qu’il crût à la sincérité de Naser-Singue, était en toute hâte monté sur son éléphant et, accompagné d’une centaine d’hommes, s’était, comme un insensé, livré à Naser-Singue. Ce fait constituait un revers politique d’une extrême gravité. Dupleix ignorait encore l’étendue du péril. Quand un messager affolé s’était précipité dans son cabinet en lui annonçant la désertion des officiers et leur arrivée aux portes de la ville, il ne s’était pas alarmé outre mesure. « Tout pouvait se réparer, disait Dupleix, avec la ferme volonté de maintenir une discipline rigoureuse. » Son premier acte, c’était de se porter aux avancées de la ville avec ses gardes et des troupes éprouvées, fidèles, pour empêcher les rebelles d’entrer dans Pondichéry et d’y répandre la contagion de leur lâcheté. Il les faisait arrêter aussitôt et conduire au fort.

L’émotion était déjà des plus vives dans la cité. On connaissait le refus de service des officiers ; on ne les blâmait point, tant les forces de Naser-Singue parais-