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dans un riche palanquin, escorté des dragons de garde aux riches costumes, de soldats européens, dont l’uniforme imposait par sa sévérité, de cavaliers, d’artillerie et d’éléphants, alla au-devant de Mousafer-Singue. Dupleix n’épargna rien de ce qui pouvait frapper l’imagination de son hôte, qui sentit son respect augmenter à la vue de l’appareil royal entourant le gouverneur. Celui-ci profita aussitôt de cet état d’esprit du nabab pour lui imposer ses plans. Il crut avoir réussi.

Dupleix ne voulait rien entreprendre contre le Dékan avant d’avoir la possession incontestée du Carnate. Pour tenir cette province, il ne suffisait pas d’occuper Arcate, il fallait être établi à Trichinapaly et à Gingy, deux forteresses qui étaient comme les clefs de tout le pays. Pour Dupleix, Trichinapaly était la première ville à attaquer et à prendre. Méhémet-Ali, le dernier fils d’Anaverdikan, s’y était réfugié avec ses plus fidèles. Il fallait donc à tout prix s’emparer d’une citadelle qui pouvait devenir une base dangereuse dans les mains d’un envahisseur du Carnate, et il sautait aux yeux que Naser-Singue allait être cet envahisseur. Il avait une armée nombreuse, les trésors de son père, la rage de garder le Dékan. Verrait-il de sang-froid Mousafer-Singue régner à Arcate ? Il entrerait en campagne à bref délai. C’était donc une obligation de s’emparer de Trichinapaly.

Dupleix s’efforçait de convaincre Chanda-Saïb et Mousafer-Singue de la nécessité d’une telle conquête ; mais Chanda-Saïb, quoique officiellement reconnu par les Anglais comme nabab du Carnate, était inquiet du séjour prolongé de l’amiral Boscawen sur