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et demander l’aide des troupes françaises, en offrant à la Compagnie de céder en toute propriété les territoires et villes de Valdaour, Villenour et Bahour, ce qui constituait des avantages considérables. Ayant réuni une armée, ils marchent vers le Carnate. Anaverdikan se porte à leur rencontre, prend position dans les Gâths, défend habilement les défilés des montagnes et bat ses adversaires dans plusieurs rencontres. Ils réussirent pourtant à tromper sa vigilance et à pénétrer dans la province ; mais il était évident qu’ils ne pourraient s’y maintenir, livrés à leurs propres forces, de beaucoup inférieures à celles d’Anaverdikan.

Cependant, Dupleix, voyant toute l’importance de la guerre qui éclatait, pesait les dangers et les chances d’une intervention. Il estimait faux ce principe qu’une Compagnie ne doit jamais recourir aux armes, tant qu’elle est maîtresse de rester en paix ; il croyait au contraire qu’une Compagnie doit faire la guerre, lorsqu’elle a intérêt à préférer la guerre à la paix. Il n’obéissait pas à des considérations du moment et n’avait en vue que l’avenir. Cette guerre allait changer la face de l’Inde. Elle lui donnait le moyen de réaliser tous ses plans ; c’était l’occasion tant espérée. Il prenait donc la résolution de soutenir les prétentions de Mousafer-Singue et de Chanda-Saïb. C’était de tous les partis le plus sage à prendre.

S’il avait refusé de contracter une alliance avec Mousafer-Singue, qu’eût fait cet ambitieux nabab ? Sans aucun doute il se serait retourné vers les Anglais, qui n’auraient eu garde de refuser leur appui à l’héritier légitime du Dékan. Et alors, dans quelle alternative nous