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nades et des pots à feu pour repousser l’assaut. Cependant le feu des assiégeants se ralentissait ; on ne recevait plus que des projectiles de campagne, quand, dans la nuit du 14 octobre, on fut prévenu que Boscawen enlevait le matériel de siège. Dupleix n’était pas d’humeur à le laisser tranquillement opérer ce déménagement. Il donna ordre à quinze cents cipayes, soutenus par des grenadiers et une compagnie de marine, d’attaquer le convoi. Malgré l’ardeur de nos troupes, on ne put faire engager les cipayes, qui se contentèrent de mettre le feu au camp abandonné. Au matin, on aperçut des remparts les dernières files de l’arrière-garde anglaise qui se repliait régulièrement vers Saint-David, laissant quinze cents morts devant la place.

Peu après, Dupleix recevait des îles un secours de deux cents hommes. Il se préparait à reprendre l’offensive, quand il apprit la conclusion de la paix et la clause impolitique du traité d’Aix-la-Chapelle qui rendait Madras à l’Angleterre. La restitution de cette conquête, si chèrement achetée, fut plus tard pour nous la cause de nombreux échecs, mais pour le moment elle ne détruisit en rien notre prestige près des Hindous. L’éclat de nos victoires effaçait tout. Pondichéry était sauvée ; l’Angleterre humiliée et vaincue ; l’Inde éblouie ; Dupleix, abandonné de la métropole et de La Bourdonnais, presque sans troupes, avait conquis Madras, écrasé l’armée du nabab et dissipé la plus formidable expédition qui eût encore paru dans ces contrées. Il était l’âme de l’Inde. Le nabab d’Arcate, le nizam d’Hyderabad, l’empereur de Delhi lui adres-