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« La possession des îles de France et de Bourbon[1], à moitié route entre la mère patrie et l’Inde, donnait dans cette première période de la lutte un grand avantage aux Français sur leurs compétiteurs. Ces îles servaient d’arsenaux, de centre aux entreprises militaires et maritimes qu’ils formaient dans l’Inde. Elles étaient regardées comme à l’abri de toute attaque, et une escadre française pouvait y stationner en sûreté, s’y reposer, s’y approvisionner et calculer avec certitude les chances de rencontrer ou d’éviter une flotte ennemie. Les navires isolés pouvaient y être retenus, comme au temps de La Bourdonnais, jusqu’à ce qu’il y en eût un nombre suffisant ; et enfin, s’il n’en arrivait pas assez, il était prouvé qu’on trouvait dans ces îles les matériaux nécessaires pour en construire. C’était donc le plus solide point d’appui. »

Malgré les croisières anglaises, il faisait remettre à Dordelin, au mouillage de Goa, l’ordre de forcer de voiles, de se rendre aux îles, d’y rassembler tous les navires qu’il y trouverait, de les joindre aux siens et de revenir immédiatement au secours de Pondichéry. Six longs mois s’écoulèrent, avant que cette flotte, dont Dupleix attendait tout, parût dans les mers de l’Inde. Heureusement les Anglais, avec leur lenteur habituelle, ne tentèrent rien, se contentant de maintenir leurs positions. L’expédition partie des îles eut peu d’influence sur les événements dont l’Inde était le théâtre.

Le rôle de l’escadre, trop faible numériquement pour combattre l’Anglais, se borna, malgré les habiles

  1. Malleson, les Français dans l’Inde.