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un grand sang-froid, les canonniers transportèrent une à une les pièces sur la rive opposée, et par la vigueur de leur feu arrêtèrent les Mongols et sauvèrent l’armée, qui se rallia enfin et repoussa facilement la tardive poursuite des Hindous et des Anglais. Bury se replia sur Pondichéry.

Dupleix répondit à cet échec par une victoire diplomatique. Il détacha Anaverdikan de l’alliance anglaise. Le nabab, impressionné par un simulacre d’expédition contre Arcate, lassé d’une guerre où il ne récoltait que des défaites, voyant les Anglais très-affaiblis, les Français forts, consentit à résilier la convention qui lui livrait Madras, et à signer un nouveau traité par lequel « les Français étaient confirmés dans la possession des territoires qu’ils occupaient, et Anaverdikan s’engageait à abandonner les Anglais à leur sort ».

Ce traité fut ratifié par Maphiskan lui-même dans la visite qu’il fit à Dupleix, à Pondichéry, à la fin du mois de février suivant. On l’y reçut avec des honneurs infinis : la ville fut illuminée, et Dupleix ordonna des réjouissances publiques. Il était satisfait de voir un de ces nababs si fiers incliner son orgueil devant ceux que naguère il regardait comme de méprisables marchands. « Le fils du nabab Anaverdikan, écrivait-il aux directeurs de la Compagnie, est venu lui-même nous demander la paix et notre amitié. Cette démarche fait un honneur infini à la nation. Il en sera longtemps parlé dans l’Inde, et je ne crains pas que l’envie reprenne à cette nation de venir nous attaquer. On n’a pu se dispenser de lui faire un présent, ainsi qu’à son père et autres seigneurs qu’il est bon de ménager. Les présents ont été