Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/101

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trouva ainsi composée d’hommes résolus à supporter toutes les épreuves pour conserver à l’Angleterre une base d’opération au Coromandel. L’union de ces soldats et leur intrépidité allaient constituer le plus redoutable obstacle à tous les efforts de Dupleix.

Celui-ci, résolu à prendre Saint-David avant l’arrivée des renforts ennemis, organisa une armée de neuf cents Européens, six cents cipayes, cent Cafres, avec six canons et six mortiers. C’était une formidable expédition, étant donné les ressources de Pondichéry. À son grand regret, devant des jalousies mesquines et des oppositions ardentes, au lieu de Paradis, il fut contraint de mettre à la tête des troupes, Bury sans talent et sans énergie, vieux et infirme, mais supérieur en grade.

Bury arrivait le 19 décembre devant le fort Saint-David, situé à douze milles au sud de Pondichéry, sur la rive droite du Pounar. Bury traversait la rivière et s’emparait d’un jardin clos de murs, à un mille du fort. Il ne se gardait pas et laissait les soldats se débander. Il n’ignorait pourtant pas que les troupes d’Anaverdikan pouvaient paraître d’un moment à l’autre sur nos flancs ou sur nos derrières, pendant que les Anglais nous attaqueraient en tête. Au milieu de la nuit, une panique éclate. Les troupes, au lieu de saisir le fusil et de s’établir derrière les murs du jardin où elles auraient pu arrêter une armée, prennent la fuite dans la direction de la rivière, vers Pondichéry. À ce moment, les soldats voient l’armée du nabab en face d’eux ; ils ne s’en élancent pas moins dans la rivière. Tout paraissait perdu. L’artillerie ne s’émut point heureusement ; avec