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mesure que nous avancions. La diversité des tons dans la campagne, l’aspect différent de chacun des pics se succédant, le caractère de chaque vallée, dissipaient la monotonie, engendrée par l’aspect généralement uniforme du paysage. En franchissant l’un des cols de la montagne, un merveilleux panorama se découvrit soudainement à nous. Des collines étaient empilées l’une sur l’autre, se fondant par degrés en chaînes de montagnes, dont les crêtes, hautes de deux à trois mille pieds, se détachaient avec une netteté admirable sur l’azur du ciel, et dont les flancs rocheux étaient couverts de bouleaux, de hêtres, de chênes et de pins. Les vallées qui s’étendaient au pied de cette chaîne de montagnes étaient longues et étroites, fraîches et bien cultivées. Un torrent descendait des collines en multiples cascades, tombant avec fracas sur des blocs de pierre et se frayant ensuite un chemin dans les couches de lave. Les insectes bourdonnaient innombrables dans l’air calme ; des grenouilles coassaient dans les marais ; la pie insolente et le corbeau plébéien animaient les arbres de leurs conversations bruyantes ; des faisans sortaient de l’épaisseur des buissons, des chiens étaient en arrêt devant les nids des femelles en train de couver, et les daines appelaient leurs faons parmi les jeunes pousses. Une nature calme et heureuse se révélait tout à coup en ces lieux embaumés, tranquilles, luxuriants, où tout s’épanouissait sans gêne. Le chemin était rude. De temps à autre, et en harmonie avec la beauté sauvage et abrupte du lieu, il devenait l’étroit sentier de la brousse australienne, envahi par les buissons, coupé de trous et de pierres, presque impraticable jusqu’à ce que les coolies l’eussent égalisé.

Un pont rustique était jeté en travers du torrent dont