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sans consulter le commissaire en chef des Douanes, ni le ministre anglais, ni le ministre japonais, persuada secrètement au gouvernement coréen d’emprunter cinq millions de yens en lingots d’or et d’argent à 5 ½ %, en fournissant comme garantie le revenu des douanes, M. Cazalis prétendit qu’il était nécessaire de conclure l’affaire dans le secret, parce qu’il aurait été impossible d’obtenir les signatures pour le document, si la chose avait été conduite publiquement, au su et au vu du commissaire en chef des Douanes. En d’autres termes, il admit que le projet était de nature à ne jamais recevoir l’approbation de M. McLeavy Brown, qui était absolument impartial et désintéressé dans la question.

En même temps, on peut également noter que l’emprunt tendait à créer une position pour les intérêts français en Corée. En raison des efforts de la Russie pour acquérir un port ouvert et à l’abri des glaces pour ses grands projets, et de l’entente expresse existant entre les gouvernements français et russe à l’égard de la politique russe en Asie, l’Angleterre ne pouvait pas ne pas se soucier d’un développement possible de ce côté. Il se peut qu’alors l’action française en Corée n’ait entraîné aucune menace de nos propres intérêts. Néanmoins, toute combinaison de circonstances qui donnerait à l’influence française et russe une place prédominante dans l’administration du pays, ne pouvait guère manquer d’engendrer des incidents, contre lesquels il est de notre devoir manifeste de nous mettre en garde. Et, en outre, il est sans doute curieux que l’homme qui fut la cheville ouvrière de l’intrigue tendant à déposséder M. McLeavy Brown de sa maison, ait été le même qui régla l’emprunt consenti par le Syndicat de Yunnan avec M. Cazalis.

En admettant la sagesse et la nécessité d’un emprunt