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taient sur leurs épaules la personne auguste et sacrée de Sa Majesté Impériale, l’Empereur, au lieu du sacrifice et du culte dans le temple de ses ancêtres.

L’événement du jour allait alors se dérouler. Bientôt les porteurs de l’empereur s’arrêtèrent, et il descendit à l’entrée d’une tente de soie jaune qui avait été élevée à l’angle des murs du palais et de la Légation, à l’ombre même des arbres du jardin de la Légation. C’est de cet endroit que Sa Majesté nous avait permis d’assister au passage de la cour. Ce fut là qu’un instant après, le cortège du prince héritier, dont la chaise de soie rouge était portée sur les épaules de seize porteurs, s’arrêta pour déposer son fardeau princier. L’empereur et le prince héritier pénétrèrent sous la tente, échangèrent leurs robes impériales de cour jaunes et cramoisies, dans lesquelles ils avaient d’abord paru, contre la soie jaune des sacrifices, et ressortirent un peu plus tard pour se prosterner au passage des tablettes de leurs ancêtres. Le caractère de la procession alors se modifia. Les soldats et les hommes de cour, les nobles et les dignitaires cédèrent la place à des prêtres revêtus de la robe jaune des sacrifices et chantant d’une voix grave les paroles de bénédiction. Les cris des flûtes reprirent avec une nouvelle vigueur, s’élevant et s’abaissant en une aigre cadence jusqu’à ce que l’air retentît de dissonances. Les hommes, de visage grave, leurs jupes jaunes agitées par leurs mouvements frénétiques, passèrent devant le trône, et une vagué de chant leur montait aux lèvres, exprimant le désespoir et les plaintes passionnées qui remplissaient (ou qui auraient dû remplir) leur âme. Ils disparurent et l’écho moqueur les poursuivit pendant que leurs pas s’éloignaient. De nouveau, la musique des prêtres éclata en accords triomphaux, annonçant la présence des douze