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introduction générale

équilibré. Ne nous étonnons pas qu’un gouvernement, fondé dans des temps si malheureux, ne soutienne pas l’épreuve et ne réponde pas au but de son établissement.

Nos sages concitoyens apercevaient et déploraient ses défauts. Non moins attachés à l’Union que passionnés pour la liberté, ils voyaient les dangers qui menaçaient plus immédiatement la première, et qui se préparaient pour la seconde. Persuadés qu’on ne pouvait assurer l’existence de toutes les deux que par un gouvernement national plus sagement organisé, ils convoquèrent, d’une voix unanime, la dernière Convention à Philadelphie pour s’occuper de cet important objet.

La Convention, composée d’hommes honorés de la confiance du peuple, distingués presque tous par leur patriotisme, leur vertu et leur sagesse, dans des temps qui ont mis à l’épreuve l’esprit et le cœur des hommes, a entrepris ce difficile ouvrage. Au milieu des douceurs de la paix, uniquement consacrés à leur tâche, ils ont passé quelques mois à délibérer froidement, sans interruption, tous les jours. Libres de toute crainte, et sans avoir éprouvé l’influence d’aucune autre passion que l’amour de la Patrie, ils ont enfin présenté et recommandé au peuple le résultat de leurs opinions presque unanimes.

En reconnaissant que ce plan n’est que recommandé et non imposé, souvenons-nous qu’il ne doit recevoir ni une approbation aveugle, ni un aveugle refus. Nous lui devons cette attention tranquille et impartiale qu’exige l’importance du sujet. Mais (je l’ai déjà dit dans l’article précédent), je désire moins que je ne compte la lui voir obtenir. L’expérience nous apprend à ne pas nous abandonner trop vivement à de telles espérances. On se souvient encore des appréhensions bien fondées d’un danger immi-