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introduction générale

Il a été admis jusqu’ici, sans contestation, que la prospérité du peuple d’Amérique dépend du maintien ferme de son Union ; les vœux, les prières, les efforts des meilleurs et des plus sages de nos concitoyens, ont constamment été dirigés vers ce but. Mais il est aujourd’hui des politiques qui assurent que cette opinion est erronée, et qu’au lieu d’attendre de l’Union notre bonheur et notre sécurité, nous devons les chercher dans une division des États en confédérations ou souverainetés distinctes. Quelque extraordinaire que soit cette nouvelle doctrine, elle a ses partisans, et l’on compte parmi eux plusieurs de ceux qui y étaient autrefois le plus opposés. Quels que puissent être les motifs de ce changement, il serait insensé pour le peuple d’adopter ces nouveaux principes, sans s’être bien convaincu qu’ils sont fondés en vraie et sage politique.

J’ai observé souvent avec plaisir que l’Amérique indépendante n’est pas composée de territoires séparés et distants les uns des autres. Cette terre de liberté est unie, fertile, vaste. La Providence l’a dotée, avec une prédilection particulière, d’une étonnante variété de sols et de productions, arrosée d’innombrables rivières, pour le plaisir et pour le besoin de ses habitants. Une suite ininterrompue d’eaux navigables forme, autour de ses frontières, une sorte de chaîne, comme pour lier ensemble les parties qui la composent : en même temps, les plus grands fleuves de l’univers coulent à de convenables distances, et ouvrent de vastes routes à la communication des secours fraternels que se prêtent mutuellement ses habitants, au transport et à l’échange de leurs denrées.

J’ai souvent observé, avec un égal plaisir, que la Providence s’est plue à donner à ce pays, dont toutes les parties sont si bien reliées, des habitants unis,