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MODE d’Élection du président 567

Ce qu’il fallait surtout désirer, c’est que l’on opposât des obstacles efficaces à la cabale, à l’intrigue et à la corruption. Il fallait naturellement s’attendre à ce que les ennemis mortels du gouvernement républicain se manifestassent sous divers aspects, principalement sous le désir des puissances étrangères d’obtenir dans nos conseils une influence déplacée. Or, comment pourraient-elles mieux réussir dans ce dernier dessein qu’en élevant à la première magistrature de l’Union une créature de leur choix ? Mais la Convention a pris les précautions les plus minutieuses et les plus judicieuses contre tout danger de ce genre. Elle n’a pas fait dépendre la nomination du Président de quelques groupes préexistants d’individus, dont on pourrait à l’avance tenter d’ache- ter les votes ; elle l’a remise en premier lieu à un acte immédiat du peuple d’Amérique, qui choisira les personnes qui seront investies de cette mission temporaire et unique de faire la nomination. Et la Convention a déclaré inéligibles à cette mission d’électeur tous ceux dont la situation pourrait les faire suspecter d’être trop à la dévotion du Président en fonctions. Aucun sénateur, aucun représentant, aucune personne tenant un poste de confiance ou de profit sous l’autorité des Etats-Unis ne pourra figurer parmi les électeurs. Ainsi, sans corrompre le corps du peuple, les agents immédiats de l’élection se mettront au moins à l’œuvre à l’abri de toute manœuvre louche. Leur existence passagère et leur situation isolée, déjà rappelées, permettent de prévoir qu’ils resteront à l’abri de ces manœuvres jusqu’à la fin de leur mission. L’œuvre de corruption, lorsqu’elle doit embrasser un nombre aussi considérable d’individus, demande du temps et de l’argent. Or, il ne sera pas facile de les embarquer à la fois, — dispersés comme ils le seront dans treize Etats, — dans des complots