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242 DROIT d’imposer

peut être portée trop loin ; elle peut dégénérer en obstination, en perversité, en mauvaise foi. Sans doute, on ne peut prétendre que les principes de la morale et de la politique aient le même degré de certitude que ceux des mathématiques, mais ils en ont plus qu’on ne serait disposé à leur en attribuer, à en juger d’après la conduite des hommes en certaines circonstances. L’obscurité est plus souvent dans les passions ou dans les préjugés du raisonneur que dans l’objet du raisonnement. Trop souvent, les hommes ne laissent pas à leur raison une entière liberté ; ils s’égarent dans de fausses routes, ils s’embarrassent dans des mots et se perdent dans des subtilités.

Pour quelle autre raison (si nous admettons que ces adversaires soient de bonne foi dans leurs objections) des hommes sensés pourraient-ils contredire des propositions aussi évidentes que celles qui nous prouvent la nécessité de donner au gouvernement de l’Union un pouvoir indéfini ? Quoique ces propositions aient déjà été pleinement établies, il ne sera peut-être pas hors de propos de les récapituler ici, comme introduction à l’examen des prétendues objections qu’on leur a opposées. Ces propositions sont, en substance, les suivantes :

Un gouvernement doit renfermer tous les pouvoirs nécessaires pour accomplir toutes les fonctions confiées à ses soins, et pour exécuter entièrement les entreprises dont il est responsable, sans qu’il soit dirigé par aucune autre influence que celle du bien public et des sentiments du peuple.

Comme la fonction de veiller à la défense nationale et de garantir la paix publique contre les violences étrangères ou domestiques, nécessite des précautions contre des éventualités et des dangers auxquels on ne peut assigner de limites, le pouvoir chargé de