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70 UTILITÉ DE l’union ment nécessairement dans les nations civilisées el les divisent en différentes classes qui agissent d’après des vues et des sentiments différents. Le règlement de cette multitude d’intérêts opposés, voilà le prin- cipal but de la législation moderne ; l’esprit de parti et de faction entre toujours aujourd’hui dans le cal- cul des opérations ordinaires et nécessaires du gou- vernement. Nul ne peut être juge en sa propre cause, parce que son intérêt égarerait à coup sûr son jugement et corromprait, peut-être, son intégrité. Pour une raison identique et même plus puissante, une réu- nion d’hommes ne peut ici à la fois être juges et parties. Et pourtant, que sont les actes les plus im- portants de la législation, sinon des jugements véri- tables prononcés, non pas sur les droits d’un indi- vidu, mais sur les droits de grandes classes de citoyens ? Et que sont les législateurs de toutes les classes, sinon les avocats et les parties dans les causes qu’ils jugent ? S’agit-il d’un projet de loi relatif aux dettes pri- vées ? C’est une question dans laquelle les créanciers d’un côté et les débiteurs de l’autre, sont parties in- téressées. La justice doit tenir la balance égale entre eux. Pourtant, les parties sont et doivent être elles- mêmes les juges ; et l’on doit s’attendre à ce que l’avantage reste au parti le plus nombreux ou, en d’autres termes, à la faction la plus puissante. Les manufactures nationales doivent-elles être encou- ragées, et dans quelle mesure, par des restrictions apportées aux manufactures étrangères ? Voilà des questions qui seraient tranchées différemment par les classes foncières et par les classes manufactu- rières, et vraisemblablement ni les unes ni les autres n’auraient uniquement égard à la justice et au bien public. La répartition des impots sur les différents