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ce commentaire des principes sur lesquels repose leur Constitution, et qui est plus ancien que la Constitution elle-même, au moins en tant que définitive. Ceux même qui, comme M. Woodrow Wilson, trouvent démodée cette « théorie littéraire » de la Constitution américaine, incompatible, suivant eux, avec les faits nouveaux, reconnaissent que les principes arrêtés par les hommes de 1787, les catégories juridiques qu’ils ont dictées, le moule dans lequel ils ont coulé le droit constitutionnel de l’Union, s’imposent encore aux générations nouvelles, qui n’ont pu s’en affranchir et subissent cet empire tout en cherchant à lui substituer, dans la pratique, une direction et des idées bien différentes[1].

En dehors des États-Unis, le Fédéraliste et ses auteurs ont, dans ces vingt dernières années, attiré plus d’une fois l’attention des écrivains les plus éminents. M. Bryce a parlé du génie d’Hamilton[2] et de ses collaborateurs, et sir Henry Sumner Maine a donné la première place à leur œuvre dans la curieuse étude qu’il a publiée Sur la Constitution fédérale des États-Unis[3]. Après avoir rappelé que « Talleyrand en recommandait instamment la lecture et Guizot affirmait qu’au point de vue de l’application des principes élémentaires du gou-

  1. Woodrow Wilson, Le gouvernement congressionnel, traduct. française par MM. Boucard et Jèze, pp. 11, 17, 288, 303, 305.
  2. Bryce, La république américaine, t. I p. 53. Il appelle le Fédéraliste « le commentaire classique contemporain (de la Constitution) que nous devons au génie d’Hamilton et de ses collaborateurs moins connus, Madison et Jay. »
  3. Essais sur le gouvernement populaire, par Sir Henry Sumner Maine, trad. française, Paris, 1884, c. iv, p. 275 et suiv.