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elle : car on ne peut reconnaître l’existence qu’à quelque chose de défini, donc de relatif et même de constant dans sa relation, car l’être pur et simple qui ne serait rien de défini serait un néant, et il faudrait dire qu’il n’est pas. Mais bien qu’inséparable de la loi, bien que ne faisant en somme que poser l’existence du rapport et de la loi, l’être, dans cette seconde acception, ne s’identifie pas avec la loi. « Il est le mystère que nulle représentation n’a pénétré et ne pénétrera » (Log., I, 90). Le fait est que les plus hardis métaphysiciens ont toujours eu beaucoup de peine à constituer sous des formes diverses la preuve ontologique et que peut-être l’entreprise n’est pas exécutable de traiter l’existence comme les autres déterminations. En revanche les êtres, qui ne sont que des cas particuliers de l’être comme copule et rapport, se laissent ramener à la loi et M. Renouvier les y ramène effectivement par une brillante analyse. Considérant tour à tour les êtres matériels ou inorganiques, les êtres vivants et les êtres pensants, il les décompose tous en des phénomènes liés par des lois et des fonctions. Et il pourrait écrire victorieusement, il écrit à peu près, que les êtres sont des lois. La loi et la Science.

La loi et la Science

Après avoir servi ainsi à définir l’être et les êtres, à expliquer en eux tout ce qui est explicable, la loi a encore cependant un dernier rôle à jouer : il faut qu’elle fournisse à la science un objet et serve à définir la vérité. Le savoir comprend d’une part les sciences particulières et, d’autre part, la Science, ou, pour mieux dire, la critique générale qui remplace la Science universelle autrefois tentée et vouée à de perpétuels échecs. Au sens de critique générale, la Science est indispensable : car elle accomplit une tâche que les sciences ne sont pas qualifiées pour entreprendre. Mais l’objet de l’une et des autres consiste toujours en des lois. Les sciences ont pour objet des lois particulières ; la Science s’occupe des lois générales de la représentation Elle les analyse et examine si avec ces matériaux il est possible de construire la synthèse unique que rêvait l’ancienne