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La loi

Il y a pourtant chez M. Renouvier une parenté étroite entre la relation et la partie rationnelle de la représentation, c’est ce que nous allons voir maintenant en passant dans le Premier Essai des paragraphes qui traitent de la relation (ch. XVII) à ceux qui les suivent immédiatement (ch. XVIII). Ces nouveaux paragraphes traitent de la loi, et il se trouve qu’en les abordant on a à peine changé de sujet. C’est toujours des phénomènes comme rapportés les uns aux autres qu’il s’agit. En d’autres termes les lois sont des relations ou, dans le langage de l’auteur, elles sont des compositions de phénomènes. Mais gardons-nous d’exagérer et mettons en lumière le caractère différentiel de la loi comparée à la relation. La loi est une relation régulière, une constance dans les relations. Comme relation elle ne fait qu’un avec les phénomènes, elle est un phénomène elle-même : car un rapport entre des phénomènes, une représentation qui assemble des phénomènes, n’est qu’un phénomène dans lequel on pense à la fois deux phénomènes, c’est un phénomène de phénomènes. Seulement ce phénomène, que l’expérience constate comme les autres, a un caractère propre, celui de s’appliquer plusieurs fois ou d’être général. C’est un phénomène constamment produit, produit toutes les fois que certains autres phénomènes sont donnés, ou bien encore c’est un phénomène qui, certaines conditions une fois posées, se reproduit constamment (Log., I, 78). Nous pourrions dire pour illustrer la pensée de M. Renouvier : la mort se produit toutes les fois que le cœur cesse de battre ; les battements du cœur se reproduisent en série régulière dès que certaines conditions sont données.

La loi et la nécessité

Il n’y a rien à dire sur la façon dont M. Renouvier pose, à côté des phénomènes, des lois. Pour le moment il les pose presque aussi empiriquement que Comte. C’est en vertu d’une pure et