Page:Hamelin - Le Système de Renouvier, 1927.djvu/87

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nouvier ne se range pas parfois à la doctrine de la relation indéterminée. Du fait que la science physique serait relative en tant qu’imparfaite et provisoire, on ne saurait tirer de conséquences métaphysiques bien décisives, car de quel droit transformer la relativité pour nous en relativité en soi ? Il faudrait donc renoncer à la distinction, que fait pourtant M. Renouvier, d’une représentation individuelle et imparfaite et d’une représentation en général, conçue comme toujours correcte et achevée. À ce compte seulement la relativité de fait prouverait la relativité de droit, ou plutôt le droit serait supprimé au profit du fait. Mais ce que les physiciens veulent dire le plus souvent en disant que la physique n’est que relative, c’est que chaque relation dépend d’autres relations à l’infini. Relativité c’est infinité. Si donc, en s’inspirant de cette idée, on déclarait que toute connaissance est relative, cela signifierait que tout rapport est conditionné par une infinité de rapports. Lorsque M. Renouvier semble approuver des théories de cette nature, il est clair que c’est parce qu’il ne se pique pas de rigueur pour le moment : sur ce point, en particulier, il est impossible que son relativisme se confonde avec celui de Stallo et, d’une manière générale, il est bien difficile qu’il ait jamais pu adhérer à la doctrine de la relativité indéterminable. Cependant cette conclusion, qui n’était pas assez apparente par elle-même, méritait d’être dégagée.

Demandons-nous maintenant si la définition du rapport par M. Renouvier est suffisamment précise. La relation se définit pour lui par la composition, et si les deux notions ne sont pas identiques, elles sont du moins coextensives. Mais d’abord il est clair que pour rendre la notion de composition aussi large que celle de relation, on doit modifier le sens le plus usuel de la première. Composer, c’est réunir des parties coexistantes. La composition, en d’autres termes, se rapporte à ce que Comte appelle l’ordre statique : or, et M. Renouvier le nierait moins que personne, il y a des relations dynamiques. Force est donc d’augmenter l’étendue du mot composition et, par conséquent, de lui enlever quelque chose de sa précision. Mais même en laissant de côté cette considération, il reste douteux que l’idée de relation soit suffisamment éclaircie parce qu’on l’a mise en équa-