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et jusqu’à la loi par laquelle d’autres temps imaginaires ou d’autres espaces peuvent être posés au delà, c’est bien admettre que la pensée est toujours incomplète, et voir dans l’impossibilité d’une synthèse totale une application du principe de relativité, c’est bien croire, au fond, que le relatif c’est l’indéterminable. Mais c’est surtout le second point de vue qui nous intéresse. Ce second point de vue est « celui du relativisme de la plupart des physiciens ». La physique ne parle que de relations non d’essences absolues. L’un des motifs en est, selon M. Renouvier, qu’il est impossible de se représenter en physique comme ailleurs des choses posées en elles-mêmes et sans relations. Assurément conforme à la doctrine de la relativité déterminable, ce motif n’est pas celui que reconnaissent généralement les physiciens. Ils jugent que la science est relative parce qu’elle dépend de conditions provisoires et passagères et aussi parce qu’elle dépend de conditions qui, non contentes de n’être pas actuellement épuisées, sont en elles-mêmes inépuisables Cette manière de voir, usuelle chez les physiciens qui philosophent, a été exposée notamment par Stallo[1] avec beaucoup de force et, en voyant M. Renouvier dans la deuxième édition des Principes de la Nature (106-109) reproduire et approuver une page de Stallo conçue dans cet esprit, on se demande si M. Re-

  1. Voici, parmi les passages du livre de Stallo (La matière et la physique moderne, un volume de la Bibliothèque scientifique internationale, chez Alcan, 1884) que cite Renouvier, ceux qui nous intéressent surtout ici. Stallo note quatre erreurs fondamentales, nées de la structure de l’esprit humain, et qui vicient la physique moderne : et voici comment il énonce la quatrième : « Que les choses existent indépendamment de leurs relations et antérieurement à elles ; que toutes les relations ont lieu entre des termes absolus ; et que, par conséquent, toute la réalité qui appartient aux propriétés des choses est distincte de celle qui appartient aux choses elles-mêmes ». En effet « l’existence réelle des choses est coextensive avec leurs déterminations… Toute chose réelle objectivement est un terme dans une série de choses mutuellement dépendantes ; en dehors de ces dépendances, il n’y a pas de forme de la réalité, connue à l’expérience ni à la pensée. Il n’y a pas de quantité matérielle absolue, pas de substance matérielle absolue, pas d’entité physique absolument simple, pas de constante physique absolue, pas d’entité physique absolue, pas de type absolu, ni de qualité ni de quantité, pas de mouvement absolu, pas de repos absolu… »