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port ne signifierait plus rien si l’on pouvait poser d’abord un des termes sans l’autre et lui donner un sens absolu. Tout rapport implique donc une sorte de balancement, un renvoi réciproque d’un des extrêmes à l’autre et, de ce chef, une impossibilité de trouver un point fixe. Mais il n’en est pas moins vrai que le relativisme peut affecter deux sens différents suivant que l’on constitue les choses et la pensée avec des relations déterminables ou au contraire avec des relations indéterminables. Voici ce que nous voulons dire : un rapport dépend d’un autre et ainsi de suite ; si, pour une raison ou pour une autre, les rapports qui se conditionnent ne forment pas un tout et un système, l’une quelconque des relations considérées reste indéterminable ; et c’est le contraire si l’on se place dans l’hypothèse contraire. En tant qu’il est partisan du fini et plus généralement en tant qu’il est rationaliste, M. Renouvier est évidemment porté vers la doctrine de la relativité déterminable. C’est cette doctrine qu’il professait devant nous tout à l’heure quand il rejetait au profit d’une circularité, nullement vicieuse d’ailleurs, le progrès à l’infini dans l’analyse des relations. Et il la professe encore sans aucun doute quand il soutient, comme il lui arrive souvent, que le relativisme n’a pas pour effet de rendre tout insaisissable et de détruire la fixité du vrai (cf. Crit. phil., 1874, I, 216). Il n’y a même rien qui l’éloigne de cette doctrine dans le fait que c’est la considération de la nature des continus qui l’a conduit à l’idée de relativité universelle. En effet un continu n’est pas relatif aux parties déterminées qu’il contient, puisque aussi bien ces parties ne sont pas déterminées ; il est relatif à l’idée de la composition en général. L’infini en acte une fois écarté, on n’est nullement rejeté sur des relations de relations à l’infini. Mais c’est à deux autres points de vue que M. Renouvier se rapproche de la doctrine de la relativité indéterminable. Du premier de ces points de vue nous ne dirons pas grand’chose ici, parce que nous le retrouverons à propos du problème de la synthèse totale. Dire que nous ne pouvons saisir aucune série de temps comme finie dans la régression, ou aucun espace comme fini dans l’augmentation (toutes finies que ces choses phénoménales soient en elles-mêmes) et ne pas accorder que la pensée embrasse ces totaux