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Preuves de l’universelle relativité

Voyons comment M. Renouvier démontre que tout phénomène est rapport ou au moins dépend de rapports, voyons comment il établit l’universelle relativité. Par cette recherche même nous serons conduits à exposer ensuite comment il comprend le rapport, ce qui constitue pour lui et définit le rapport.

On peut dire dans un langage vague, mais qui suffit comme éclaircissement préliminaire et contre lequel M. Renouvier ne protesterait pas, qu’un rapport est quelque chose qui est intermédiaire entre deux termes, qui n’appartient ni à l’un ni à l’autre pris à part, mais à l’un et à l’autre considérés ensemble. On peut dire aussi, en conséquence, que qualifier une chose de relative c’est affirmer qu’on ne peut se la représenter sans tenir compte en même temps d’une autre chose ou d’autres choses. Enfin on peut ajouter, par contre, que ce qui ne serait pas relatif, ce qui serait absolu, ce serait ce dont l’existence et la connaissance ne supposerait aucun recours à rien d’étranger. Cela posé, voici d’abord trois preuves qu’on peut reconnaître chez M. Renouvier comme établissant que tout phénomène implique rapport ou est relatif. Il y aurait en premier lieu l’observation naturelle de ce qui se passe dans la représentation la plus étrangère à tout système. On verrait sans peine que pour un esprit non prévenu une chose n’existe jamais et n’est jamais connue que grâce à quelque autre chose. Pour ne pas insister sur cet argument qui a son mérite sans doute en tant qu’appartenant à la pensée la plus naturelle, mais qui a le tort de consister simplement en des exemples toujours suspects de pouvoir être contredits par d’autres et dont rien ne garantit qu’on les ait pris aux bons endroits de la pensée, passons tout de suite à un second argument empirique aussi, mais fondé sur l’observation d’une pensée particulièrement autorisée, justifiée qu’elle est par ses succès. Nous voulons parler de l’observation de la pensée scientifique et spécialement de la pensée dans la Physique. On peut observer cette pensée d’abord dans l’état auquel elle est parvenue après la constitution de la science et le développement de