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l’espace et comptant ainsi les unes et les autres. Bien entendu l’infinité du temps n’est pas un remède à l’espace : ce sont deux absurdités qui se superposent.

Ainsi il ne peut y avoir ni espace en soi, ni temps en soi, ni matière en soi, ni mouvement en soi. Ajoutons que, par suite, il n’y a non plus rien dont on puisse faire des choses en soi dans les qualités secondes, les qualités premières, et les modifications du sujet pensant, en tant que ces divers représentés s’offrent sous les conditions de l’espace et du temps.

Le principe du nombre ayant ainsi permis de démontrer que les représentés les plus susceptibles de passer pour des choses en soi ne sont que des phénomènes, ce premier et capital et plus difficile résultat se complète accessoirement par celui que nous avons exposé d’abord touchant la réalisation des phénomènes représentatifs, et M. Renouvier n’a plus qu’à combattre en quelques mots l’idée de rapporter à une chose en soi unique, à une substance universelle l’ensemble de tous les phénomènes tant représentés que représentatifs. Il déclare cette synthèse des contradictoires et cette réduction du déterminé à l’indéterminé absolument inintelligible, et il conclut que le phénoménisme a cause gagnée. Puis il ajoute que cette victoire n’a pas été payée de trop de subtilités laborieuses : car si, en un sens, nous sommes au même point qu’en commençant, c’est-à-dire en face des phénomènes, nous avons renversé les idoles et garanti ainsi notre esprit contre tout ce qui risquait de le troubler dans ses recherches Nous pouvons vaquer librement à l’édification positive de la science.

Examen du principe du nombre

C’est avant tout au principe du nombre que l’établissement du phénoménisme est dû : non seulement ce principe a permis, ainsi que nous venons de le dire, la réfutation du plus spécieux des réalismes, à savoir du réalisme matérialiste, mais comme nous avons aussi tâché de le faire voir, il a été le premier moteur de toute la pensée phénoméniste de M. Renouvier après l’article