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tation, attendu qu’un rapport est précisément une sorte d’intermédiaire subtil entre deux termes, un lien qui ne se prête pas à la réalisation. Les relatifs, disaient les sceptiques grecs, après Aristote, n’existent que dans la pensée. Ainsi c’est en montrant que les phénomènes représentatifs sont indissolublement attachés à des rapports qu’on devra réfuter quiconque entreprend d’en faire des choses en soi. Assurément cette méthode peut s’appliquer aussi aux tentatives de réalisation des phénomènes représentés : mais, c’est assez d’indiquer brièvement cette application possible, car ici il y a d’autres ressources tandis que dans l’autre cas il n’y en a point. — Voilà, croyons-nous, comment il faut comprendre la pensée maîtresse qui préside chez M. Renouvier à la réfutation du réalisme des phénomènes représentatifs. Cette pensée nous paraît ressortir notamment des pp. 57 et 28-29 du tome I de la Logique. Nous devons reconnaître pourtant que l’auteur ne la dégage pas et que, du moins dans la partie du Premier Essai que nous analysons en ce moment, il se contente de prendre pour accordé et ne fait rien pour établir que les relations n’existent que dans la représentation. On y chercherait même vainement le rapprochement que nous avons indiqué entre sa manière de voir et celle des sceptiques grecs.

Forts du principe que nous croyons avoir correctement dégagé, abordons la démonstration elle-même (Logique, I, 5457). Pour y procéder, M. Renouvier commence par esquisser, mais tout empiriquement, dit-il, une classification des faits psychologiques. Il distingue l’attribut sensitif et intellectif : sensation, conscience, jugement, entendement, etc., avec les corrélatifs : choses, images, idées, principes, etc. ; l’attribut actif : cause, force, volonté ; l’attribut affectif joie, tristesse, attrait, répulsion, passion, etc. Sur lesquels de ces phénomènes s’exercera le réalisme ? Ce ne peut guère être ni sur les affections particulières, ni sur les forces particulières, ni sur les sensations, ni sur les idées particulières : « Il est trop manifeste que ces représentations sont relatives à d’autres, tant de même ordre que d’ordres différents et s’évanouissent aussitôt qu’on les met à part de leurs relations » (p. 54). Restent les idées générales : mais en posant des genres en soi, en supprimant les relations qui