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nomènes représentatifs. Rendons-nous compte d’abord de la tâche que M. Renouvier se propose. Lorsqu’il s’agit d’établir qu’on ne doit pas mettre de choses en soi sous les représentés, ce qu’on a à faire voir c’est surtout ceci que lesdites choses en soi ne peuvent pas se détacher du représentatif, qu’elles ne parviennent pas à accomplir leur promesse de se poser en soi parce qu’elles restent invinciblement assujetties à la condition d’être pour un représentatif ; que, en un mot, elles sont toujours relatives à un moi qui les pense. Être en soi pour de telles choses ce serait être indépendamment de tous les êtres pensants. Évidemment la question change de sens quand elle porte sur les phénomènes représentatifs. Sans doute réaliser des phénomènes représentatifs c’est bien, d’une certaine manière, leur conférer une existence autre chose que celle qu’ils ont dans la représentation. Toutefois ce n’est pas leur retirer l’existence qu’ils ont dans la représentation : c’est pour ainsi dire prolonger ou, si l’on veut, approfondir cette existence. En aucun cas on ne peut songer à prétendre qu’ils n’ont rien de commun avec l’essence représentante, qu’ils ne sont pas pour un moi (Voy. Logique, I, 53-54). Ils sont pour un moi, pense-t-on, et avec cela ils sont quelque chose de plus. Pour réfuter le réalisme sur ce nouveau terrain on ne saurait donc procéder comme précédemment ; on ne saurait prendre à tâche de faire voir que les soi-disant choses représentatives sont relatives à un moi. Ce qu’on doit faire, c’est bien de montrer en de certaines relations l’obstacle insurmontable qui empêche l’érection des phénomènes dont nous parlons en choses en soi : seulement les relations dont il s’agit sont autres que celle qui consiste à rapporter un objet à un sujet pensant. Qu’est-ce à dire ? C’est que pour réfuter le réalisme appliqué aux phénomènes représentatifs, il faut invoquer l’existence de relations qui lient ces phénomènes entre eux. Autrement dit, le principe qu’on invoquera ici sera le suivant : poser les choses en soi, c’est par définition, en faire des essences séparées et se suffisant à elles-mêmes, en faire en un mot autant d’absolus, alors que les choses phénoménales qu’on veut ainsi réaliser ne sont ce qu’elles sont que grâce à des relations des unes avec les autres ; or les relations n’existent que dans et par la représen-