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cartes fait suite aux anciens, c’est reconnaître que pendant les temps intermédiaires il n’y a eu qu’une activité scientifique et surtout philosophique faible, ou du moins peu féconde. Ce double fait n’est guère contestable et la raison, qu’on a seulement le tort d’oublier quelquefois, n’en est pas ignorée. La recherche scientifique ou philosophique n’est pas une affaire de fantaisie individuelle ; car la loi et la raison sont précisément le nécessaire et l’universel. Cependant ce nécessaire et cet universel ne se révèlent à l’individu qu’au dedans de lui-même, à la condition par conséquent qu’il puisse être lui-même, être exempt de toute contrainte, s’appartenir. Il s’ensuit que la culture scientifique et philosophique ne peut se développer pendant les époques où la conscience de l’individu est réduite à être l’écho de la conscience collective. Deux fois au moins l’humanité a pu assistera l’épreuve et à la contre-épreuve sur ce point. Tant que la vieille cité grecque a duré dans l’intégrité de son esprit, il n’y a eu ni science ni philosophie helléniques ; il n’y a eu qu’à grand’peine une science et une philosophie au moyen-âge. Les premiers sages et les premiers philosophes sont contemporains de la désorganisation commençante de la cité grecque ; les Sophistes, Socrate et les Socratiques, avec eux les fondateurs de la géométrie, apparaissent quand décidément les anciennes mœurs et les anciennes institutions sont en décadence. Descartes vient après la ruine des idées sur lesquelles a vécu le moyen-âge, après les guerres de religion. Ajoutons que, pour trouver des conditions plus favorables au développement de sa pensée, il va d’instinct dans le pays où l’individu s’appartient le plus, dans le pays où bientôt paraîtra le plus hardi et, en ce sens, le plus philosophe des philosophes du xviiie siècle, Spinoza. Si la tâche serait difficile de montrer que c’était le Cartésianisme ou quelque doctrine de ce genre qui devait naître vers 1630, du