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trique que Descartes a donnée à son système, rien n’y ressemble, ni ne peut non plus en être dit l’opposé, parmi les philosophies de la Renaissance. Ce n’est pas la rigueur des idées et de leur enchaînement qui parait avoir préoccupé Bruno ou Vanini.

Pour trouver une construction doctrinale qui ressemble à celle de Descartes et des Cartésiens, il faut quitter les philosophes de la Renaissance et passer à une tout autre philosophie. Les ouvrages de Saint Thomas et de Suarez ne sont certainement pas des géométries métaphysiques, cependant il est certain qu’on y admet des axiomes, qu’on y définit et qu’on y démontre. Il semble donc que l’École a pu aider Descartes à trouver la forme logique de sa doctrine, et ce serait là un fait d’importance. D’autre part, si le critérium de l’évidence a été suggéré à Descartes par voie d’opposition, il est sur que l’École lui fournissait le parfait modèle de la méthode d’autorité. Et il y a même peu d’antécédents du Cartésianisme qui paraissent mieux établis et plus explicatifs que celui-là. Mais, pour tout le reste, en y comprenant la forme systématique de la philosophie, la Scolastique n’a pu beaucoup aider Descartes par ses propres forces. Car il n’y avait rien de très fort et de très original qui appartint en propre à la Scolastique. Elle est en effet un mélange de théologie positive et de philosophie. Mais ce mélange est toujours resté un mélange proprement dit et n’a jamais été une vraie combinaison. Dans la mesure ou il y a eu quelque chose d’approchant, ce sont les Pères de l’Église, Clément d’Alexandrie ou Augustin, qui l’ont fait, ce n’est pas l’École. Quant à la philosophie contenue dans la Scolastique, ce qu’elle a l’École est en un sens peu de chose. Sans doute il y a eu de la part des docteurs du moyen-âge un prodigieux effort et il semble bien que cet effort a produit des résultats. Seulement ces résultats ne sont pas capitaux. Puisqu’on était limité d’un côté par les exigences de