Page:Hamelin - Le Système de Descartes.djvu/22

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cesseurs, savants ou philosophes, de Descartes. Rien ne semble au premier abord plus naturel et plus profitable. Il est bien certain que, en thèse générale, une doctrine ne se comprend que par celles qui la précèdent : Aristote ne se comprend que par Platon, Kant que par Leibniz et Hume. Cependant, lorsqu’il s’agit de Descartes, ce truisme reçoit tout à coup un démenti. Car c’est un fait, que l’étude des prédécesseurs de Descartes, au moins l’étude de ses prédécesseurs proprement philosophes, n’offre chez les historiens qu’un médiocre intérêt. Qu’on prenne celle étude dans l’Histoire de la philosophie cartésienne de Bouillier, ou dans le livre déjà magistral de Bordas-Demoulin, ou même soit dans le Manuel de philosophie moderne, soit dans la Philosophie analytique de l’Histoire de M. Renouvier, on se convaincra qu’elle ne paie pas les auteurs des peines qu’elle leur coûte.

Insistons un peu sur ce point. Les auteurs dont nous parlons semblent avoir cherché surtout des antécédents directs de la pensée cartésienne, des préparations, de premières ébauches de cette pensée, et ils se sont adressés aux philosophes de la Renaissance plutôt qu’à ceux de l’École. Peut-être ont-ils eu tort de ne pas songer un peu plus à l’École, et de ne pas se demander ce qui, dans les doctrines dont il a eu connaissance, a pu suggérer à Descartes quelques-unes de ses idées, par opposition. Quelle que soit toutefois l’importance de ces deux réserves, ni chez les philosophes de la Renaissance comme tels, ni chez ceux de l’École eux-mêmes en tant que ceux-ci présenteraient des caractères propres, on ne saurait trouver qu’une faible partie des antécédents explicatifs du Cartésianisme. La pensée de Descartes ne nous étant pas encore connue dans son intimité, nous ne pouvons songer à la comparer à celle des philosophes de la Renaissance ou de l’École que par des caractères extérieurs. Référons-nous à quelques-uns des plus célèbres de ces caractères. Descartes distingue