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attirèrent notre attention. Nous donnons la première aujourd’hui. La seconde est un exposé systématique de la philosophie d’Aristote. Nous espérons la publier plus tard soit en totalité soit en partie[1].

Ce qui nous a paru faire l’intérêt de ces travaux, ce n’est pas seulement l’importance de la contribution qu’ils apportent aux problèmes particuliers qui y sont traités ; c’est aussi le caractère très personnel de la méthode qui y est employée.

Deux méthodes très différentes ont été appliquées à l’histoire de la philosophie.

Pendant longtemps, les doctrines ont été étudiées d’un point de vue purement dogmatique. On les considérait comme des corps de propositions abstraites, indépendantes du temps et de l’espace, comme des produits de l’entendement pur. Par suite, on ne s’y intéressait que pour les juger. On ne songeait pas à y voir des faits historiques qu’il fallait expliquer historiquement : c’est leur valeur absolue qu’on entreprenait de déterminer. On les confrontait aux choses qu’elles avaient pour fonction d’exprimer, plus qu’on ne cherchait à les mettre en rapports avec les conditions de lieu, d’époque et de personne dont elles pouvaient dépendre. Mais un moment vint où l’esprit historique s’introduisit dans l’étude des systèmes philosophiques. On reconnut que, comme les systèmes politiques, juridiques, comme les conceptions esthétiques ou pédagogiques, ils tenaient étroitement à la société, au temps, à la personnalité de leurs auteurs. Dans ces conditions, chacun d’eux apparaissait comme une sorte d’individualité dont on s’attachait, avant tout, à bien marquer la physionomie propre. Cette physionomie, on s’efforçait de l’expliquer par les circonstances ambiantes ou par le génie individuel du philosophe. Mais, ainsi rattachées aux milieux dont

  1. Nous avons, en outre, publié dans la Revue de Métaphysique (N° de mai-juin 1910), une traduction des Lettres d’Épicure par Hamelin.