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tie, mais seulement un instrument (ὄργανον), de la philosophie. Une telle opinion ne peut pas être d’Aristote. — D’abord cette opinion remonterait très haut parmi les commentateurs, puisqu’Alexandre dit qu’elle a été professée ὑπὸ τῶν ἀρχαίων. Et d’autre part pourquoi, comme dit le même Alexandre, un instrument serait-il quelque chose de moins considérable qu’une partie de la philosophie[1] ? Zeller trouve que c’est un mauvais expédient de dire, avec Ravaisson, que la logique n’est que la forme de la science. C’est une science, dit-il, c’est la science de la forme[2]. Admettons sa correction à la formule de Ravaisson ; il reste que l’objet de la logique est un objet à part. Au lieu d’être un objet naturel, comme celui de la métaphysique, de la physique ou même des mathématiques, c’est un objet subjectif. C’est une raison suffisante pour qu’Aristote ne l’ait pas mis sur le même plan que les autres. Ajoutons que, de l’aveu de Zeller[3], la logique d’Aristote n’est pas, comme on dirait en termes hégéliens, la science de l’idée, mais simplement une méthodologie. Cette appréciation très exacte est bien près, quoi qu’en pense Zeller, d’équivaloir à l’aveu que la logique est bien pour Aristote un instrument des sciences, plutôt qu’une science dans toute la force du terme. Enfin il existe en ce sens une affirmation d’Aristote, éclaircie et corroborée par un passage du livre α. La déclaration en question se trouve dans le chapitre 3 du livre Γ de la Métaphysique[4]. Après avoir dit qu’aucune science particulière ne s’occupe des axiomes communs à toutes les sciences, Aristote ajoute que tout ce que certains philosophes prétendent, lorsqu’ils parlent des exigences qu’on devrait apporter pour l’admission de la vérité des axiomes, provient d’une ignorance des « analytiques » : il faut en effet, dit-il, connaître les « analytiques »

  1. In Pr. Anal. 3, 3 ; 4, 30, éd. Wallies (Comm. gr. II, 1) ; Schol. 141 a, 30 ; b, 24.
  2. Zeller, p. 182, n. 8 ; cf. Ravaisson Essai I, 252 sq., 264 sq.
  3. P. 182, vers le bas.
  4. 1005 b, 2-5 : ὅσα δ’ ἐγχειροῦσι τῶν λεγόντων τινὲς περὶ τῆς ἀληθείας, ὃν τρόπον δεῖ ἀποδέχεσθαι, δι’ ἀπαιδευσίαν τῶν ἀναλυτικῶν τοῦτο δρῶσιν· δεῖ γὰρ περὶ τούτων ἥκειν προεπισταμένους, ἀλλὰ μὴ ἀκούοντας ζητεῖν.