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de notoriété publique que les livres d’Aristote étaient enfermés à Scepsis. D’autre part au nombre des premiers et principaux organisateurs de la bibliothèque alexandrine, on sait qu’il faut compter Démétrius de Phalère. Or Démétrius était le disciple de Théophraste. Comment eût-il négligé de procurer à la bibliothèque les ouvrages de son maître et d’Aristote ? Si le catalogue des œuvres d’Aristote, conservé par Diogène, vient d’Hermippe et représente l’inventaire du fonds aristotélicien de la bibliothèque d’Alexandrie, ce fonds contenait beaucoup des ouvrages scientifiques d’Aristote. Mais il y a plus. Laissons de côté ce catalogue : il paraît certain du moins qu’Hermippe avait dressé un catalogue des œuvres de Théophraste[1] ; or, puisque les œuvres de Théophraste auraient eu le même sort que celles d’Aristote, il ne l’aurait pas pu, si le récit de Strabon était exact[2].

Passons aux raisons directes. Il y en a de générales, il y en a de spéciales. — Les raisons spéciales consisteront dans les références à tel ou tel ouvrage d’Aristote, que nous pourrons relever dans les auteurs, entre Théophraste et la découverte d’Apellicon. — Les raisons générales consistent dans les preuves que nous avons, soit du fait que la doctrine scientifique d’Aristote a été connue, pendant la même période, dans l’École péripatéticienne et ailleurs, soit du fait qu’il y a eu en dehors de la bibliothèque de Théophraste des copies d’Aristote en circulation. — Que la doctrine scientifique d’Aristote ait été connue des autres écoles philosophiques c’est ce qui résulte des indices suivants. Antiochus, dans Cicéron, montre bien, à travers beaucoup de contre-sens une certaine connaissance d’Aristote. On nous dit encore que Posidonius, dans ses opinions sur la physique

  1. Zeller, p. 146, n. 2 et 810, n. 3.
  2. Ajoutons qu’il y a, sur la bibliothèque d’Alexandrie et à propos des livres d’Aristote et de Théophraste, une petite phrase d’Athénée qui mérite peut-être de l’attention (citée dans Mullach, p. 295, n. 11, fin) : παρ’ οὗ [de Nélée] πάντα [τὰ βιβλία]… πριάμενος ὁ ἡμεδαπὸς βασιλεὺς Πτολεμαῖος, Φιλάδελφος δὲ ἐπίκλην, μετὰ τῶν Ἀθήνηθεν καὶ τῶν ἀπὸ Ῥόδου εἰς τὴν καλὴν Ἀλεξάνδρειαν μετήγαγε. Notons spécialement, pour nous en souvenir tout à l’heure, les derniers mots.