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occupe, notre seul et unique témoin[1]. Où Strabon avait-il puisé ? Ce n’est pas sans doute dans Tyrannion : il maltraite trop son édition ; sur ce point Zeller a raison. Mais, malgré Zeller, on ne voit pas de raison sérieuse qui empêche de croire que ce soit dans Andronicus. Car dire que les Péripatéticiens venus après Apellicon ont sans doute mieux fait que leurs prédécesseurs, mais ont été réduits pourtant, à cause des fautes du texte, à parler par conjecture, ce n’est pas leur rapporter le mérite de la restauration du Péripatétisme et l’enlever à Andronicus. Encore moins peut-on, pour cette raison que les Péripatéticiens en question sont exaltés aux dépens d’Andronicus, refuser d’admettre, avec Grote, que Strabon s’est documenté auprès du disciple d’Andronicus, le péripatéticien Boèthus de Sidon. Puisque Strabon nous dit qu’il a étudié, en même temps que Boèthus, la philosophie péripatéticienne[2], il nous semble indubitable que Boèthus est la source de Strabon. Il faut convenir qu’une telle origine serait propre à donner au récit de Strabon une autorité considérable. Quoi que nous ayons à dire contre ce récit, il faudra bien, pour ne pas manquer à toute vraisemblance, que nous y reconnaissions quelques faits exacts, bien que peut-être mal interprétés.

Nous savons par le testament de Théophraste[3] que Théophraste a légué sa bibliothèque à Nélée. Pour ce qui est du sort ultérieur de cette bibliothèque, nous ne sommes pas forcés d’admettre que Nélée s’en soit dessaisi ; car, si, d’après Athénée Ptolémée Philadelphie lui a acheté tous ses livres[4] et les a transportés à Alexandrie, d’une part, le même Athénée, nous l’avons vu, raconte qu’Apellicon a eu en sa possession la bibliothèque d’Aristote et de Théophraste. Et d’autre part, Athénée ne se contredit peut-être

  1. Stahr, Atistotelia, II (die Schicksale der aristotel. Schriften, 1832) p. 23. Cf. Zeller, 139, 2.
  2. Strabon, XVI, 2, 24, p. 757. Cf. Grote, Aristotle, I, p. 54 ; Mullach, p. 297, n. 27 et Zeller, III 1⁴, 606, 1 s. fin. (607).
  3. Dans Diogène, V, 52. Cf. Zeller, II, 2³, 141, 3.
  4. Athénée, I, 4, 3 b. Cf. Mullach, p. 295, n. 11 s. fin..