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Nos Φυσιογνωμονικά, qui ne citent pas Aristote et ne sont pas cités par lui, ne sont pas authentiques[1]. — Il est impossible qu’Aristote ait écrit des ἰατρικά, bien qu’on lui en attribue dans nos catalogues, car il se désigne lui-même quelque part comme étranger à la médecine[2]. — Les ouvrages sur l’agriculture et la chasse sont apocryphes[3]. — Aristote renvoie sept fois à des προβλήματα. Mais il est remarquable que, à l’exception d’un seul qui ne porte pas lui-même très juste, aucun des renvois d’Aristote ne trouve où s’appliquer dans les Problèmes que nous possédons (Bonitz, Ind. 103 b, 17). Ces Problèmes ne sont donc pas de lui. Il résulte des études de Prantl qu’ils sont l’œuvre successive des premiers Péripatéticiens et qu’il y en a eu plusieurs rédactions[4]. — Enfin, avant de quitter les ouvrages physiques d’Aristote, n’oublions pas de signaler l’inauthenticité du Περὶ κόσμου[5].

Nous arrivons aux écrits sur la morale. Indépendamment des ouvrages de jeunesse, et notamment du Περὶ δικαιοσύνης dont nous avons parlé, on attribue encore à Aristote beaucoup d’autres ouvrages sur des sujets moraux. Le περὶ έπιθυμίας, qu’il paraît nous promettre au début du De sensu, n’a sans doute pas été écrit. Peut-être avait-il écrit un περὶ πάθους ὀργῆς, un περὶ μέθης, attribuable aussi à Théophraste, des νόμοι συσσιτικοί. Notre traité Περὶ ἀρετῶν καὶ κακιῶν est l’œuvre d’un éclectique qui ne peut guère être antérieur au ier siècle av. J.-C.[6].

Malgré la bizarre assertion de Schleiermacher sur l’antériorité des Ἠθικὰ μεγάλα, par rapport aux deux autres traités de morale, personne ne songe plus à voir dans cet ouvrage qu’un résumé des Ἠθικὰ Εὐδήμια. Les Ἠθικὰ μεγάλα ne citent pas Aristote : on ne pourrait y relever qu’un renvoi

  1. Zeller, p. 99, n. 2.
  2. Zeller, p. 9, n. 1 vers la fin et p. 99, n. 3.
  3. Zeller, p. 100, n. 1 et 2.
  4. Zeller, p. 100, n. 4 et 5.
  5. Zeller, III 1⁴, 653-670. Cet ouvrage, où l’influence stoïcienne est manifeste, date probablement de la seconde moitié du ier siècle av. J.-C.
  6. Zeller, p. 103, n. 1.