Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/47

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le début du chapitre 6. Il est incontestable que la première ressemble à une ébauche (cf. ch. 3 déb. et 1070 a, 4) ; mais sa brièveté même s’explique, puisqu’elle n’est encore qu’un prélude, le plus prochain, il est vrai, de l’objet propre de la métaphysique. Bonitz est frappé de son aspect décousu et il renonce à y trouver une suite réglée de pensées ; il n’y voit qu’un résumé désordonné de la Physique. Nous croyons tout au contraire que ce résumé est systématique et qu’il est dominé par deux préoccupations des plus opportunes : l’une, d’attribuer le premier rôle, entre les causes, à la cause motrice (1-3) ; l’autre, d’établir que la causalité réelle n’appartient pas aux universaux, mais à des choses individuelles, de sorte que, en dernière analyse, les choses sensibles s’expliquent par des causes substantielles et individuelles. Ceci posé, la seconde partie pourra établir que, en dehors et au-dessus des substances naturelles, mobiles et périssables, il doit nécessairement une substance immobile et éternelle. — Les livres Μ et Ν, qui avaient été probablement destinés à faire partie du traité sur la philosophie première, ont dû être abandonnés ultérieurement, lorsqu’Aristote écrivit le livre Α : celui-ci est plus mûr que le livre Μ dans les parties qui leur sont communes, et il a pu paraître à Aristote suffisant, à lui seul, pour traiter les questions qui étaient étudiées dans Μ et Ν. Ces deux livres ont pour objet la théorie platonicienne des Idées et des Nombres, partie capitale de l’introduction historique qu’est le livre Α. — Le livre Δ est le περὶ τῶν ποσαχῶς λεγομένων, connu, sous ce titre, des auteurs et d’Aristote. L’introduction dans l’ouvrage de cette dissertation en compromet manifestement le plan. — Le livre Alpha ἔλαττον (α) est une préface, évidemment apocryphe et d’ailleurs ici hors de place, à une Physique. Parmi les anciens, on l’attribuait généralement à Pasiclès de Rhodes, neveu d’Eudème. — L’agrégat a été constitué de bonne heure, à l’exception sans doute du livre α ; car les plus anciens auteurs le connaissent tel. Selon Alexandre, l’éditeur serait Eudème : l’indication n’est qu’incidente, mais elle est clairement impliquée[1].

  1. Metaph., 518, 9, Hayd. ; 483, 19, Bz ; Schol. 760 b, 17. Il convient