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30). Au reste l’authenticité des principaux morceaux est manifeste, et elle résulterait encore des citations qui en sont faites par Théophraste et Eudème.

La question de savoir comment le texte de l’ouvrage s’est constitué a été résolue par Brandis et Bonitz. — Le corps de l’ouvrage est constitué par les livres Α, Β, Γ, Ε, Ζ, Η, Θ. — Le livre Ι (iota) est une reprise et une suite de questions traitées dans les livres précédents, mais assez mal soudée au reste. — Des deux moitiés de Κ, la première répète Β, Γ, Ε ; la seconde, depuis le chapitre 8, est une compilation inauthentique de la Physique. — Le cas du livre Λ est particulièrement intéressant. Selon Bonitz, il faudrait y voir un écrit isolé dans lequel Aristote aurait exprimé, en la rattachant étroitement par les chapitres 1-5 à ses enseignements sur la physique, une partie importante de sa métaphysique, la théorie du premier moteur. Mais tout d’abord, s’il est malaisé d’indiquer dans le livre Λ des références précises aux autres livres de la Métaphysique, encore faut-il reconnaître, comme l’avait très justement noté Brandis, que la discussion contenue dans le ch. 4 de ce livre a du rapport avec certaines des questions posées dans le livre Β, et notamment avec celle, qui ouvre le ch. 3, de savoir si l’on peut admettre que les genres soient στοιχεῖα καὶ ἀρχαί. De plus, le livre Λ ne paraît pas avoir le caractère physique que lui prête Bonitz. Il y a en effet dans Aristote une démonstration physique du premier moteur, mais c’est le livre VIII de la Physique qui la donne. Au contraire, ce qui est traité dans Λ, ce n’est pas exclusivement, tant s’en faut, la démonstration du premier moteur ; c’est bien plutôt la nature de l’être en tant qu’être et spécialement la nature de Dieu. Or le vrai nom de la philosophie première est, comme on le verra (p. 82), théologie. On peut donc soutenir que le livre Λ traite, et traite seul, le sujet propre et véritable qu’Aristote s’est proposé dans la Métaphysique. Fût-il d’ailleurs une dissertation séparée, il faudrait toujours reconnaître que le premier éditeur de la Métaphysique ne pouvait se dispenser de le faire entrer dans le corps de l’ouvrage. À vrai dire, le livre Λ, comme on l’a vu, contient deux parties, dont la liaison est rendue manifeste par