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logique. — Peut-être Aristote avait-il donné des modèles de discours ; dans tous les cas, nos catalogues (Diog., no 84 ; anon., no 88), parlent d’un livre intitulé ἐνθυμήματα ῥητορικά. — Ce qui est sûr, c’est qu’Aristote avait consacré à l’histoire de la rhétorique un ouvrage célèbre, un résumé de tous les traités antérieurs aux siens : συναγωγὴ τεχνῶν, qu’a bien connu Cicéron (fr. 130 et 131, p. 1500). — Quant aux ouvrages sur la théorie de la rhétorique, il y en a trois principaux à considérer. La Rhétorique, au livre III, ch. 9 fin, renvoie à un ouvrage qu’elle appelle τὰ Θεοδέκτεια, et la Rhétorique à Alexandre (1, 1421 b, 1) porte ces mots : ταῖς ὑπ’ ἐμοῦ τέχναις Θεοδέκτῃ γραφείσαις. On connaissait donc, avant Andronicus et même de très bonne heure, une Rhétorique à Théodecte, ou de Théodecte, dont il est question dans nos deux plus anciens catalogues (Diog., no 82 et anon., no 74) et dont parlent plusieurs auteurs, notamment Quintilien. Si le livre est authentique, c’était sans doute une « Rhétorique dédiée à Théodecte » (et non pas publiée par Théodecte), et, comme Théodecte ne survécut pas à l’expédition d’Alexandre et que d’ailleurs Alexandre avait fait, nous dit-on, la connaissance de Théodecte par l’intermédiaire d’Aristote, il a fallu qu’elle fût écrite pendant le séjour d’Aristote en Macédoine[1]. — La Rhétorique à Alexandre qui fait partie de notre collection aristotélicienne est unanimement reconnue pour un ouvrage inauthentique, à cause notamment de la dédicace à Alexandre qui constitue le premier chapitre. Bien entendu, l’auteur s’inspire de la doctrine d’Aristote ; mais il ne cite pas, sauf le renvoi dont nous avons parlé, les livres d’Aristote. Inutile de dire qu’il n’est pas cité par eux. Diogène l’indique peut-être au no 79 de son catalogue par les mots Τέχνη αʹ[2]. — L’ouvrage incontestablement aristotélicien est la Rhétorique. Son authenticité résulte de son contenu. Toutefois il y a des interpolations et des transpositions : au livre II notamment, les chapitres 18-21 étaient primitivement avant 1-17. Le livre III tout entier paraît apocryphe.

  1. Zeller, p. 76, n. 2.
  2. Zeller, p. 78, n. 2.