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VINGT ET UNIÈME LEÇON


LA THÉORIE DE L’ÊTRE

Nous avons parcouru la logique et la physique d’Aristote. Or, si elle suppose le réel, attendu que, comme théoricien des méthodes et, à plus forte raison, comme théoricien de la connaissance, Aristote répudie le formalisme, la logique n’est pourtant pas l’ontologie elle-même : elle n’en est qu’un dérivé et même une contre-partie. Pour la physique, s’il est sûr qu’elle porte sur le réel, et cela dans un sens très fort du mot de réel, puisque, à la différence des mathématiques, elle s’occupe d’êtres concrets et non d’abstractions, elle ne spécule pas néanmoins sur ce qu’il y a de plus central et de plus fondamental dans le réel. Elle étudie les accidents des substances sensibles, à savoir le mouvement dans ses diverses espèces ; elle étudie en outre la nature, cause du mouvement des êtres sensibles. Mais, si la nature, est quelque chose de la substance, ce n’en est pas encore le fond dernier, puisque la nature n’est que ce qui porte l’être sensible vers son acte dernier, la terre ou le feu par exemple vers leur lieu naturel. La forme elle-même, vers laquelle l’être sensible se meut, n’est que le moteur, relativement ou absolument immobile, de cet être : c’est-à-dire que, dans la physique, la forme apparaît surtout comme fin ; c’est-à-dire encore comme tournée vers autre chose qu’elle-même. Donc la physique ne s’attache nulle part à la catégorie de substance prise en elle-même. Ajoutons enfin que, assujettie qu’elle est à considérer exclusivement des êtres sensibles, la physique ne pourrait jamais étudier la sub-